8 mars 2012 à 10:53
Football Les Keller, frères de jeu
Football Les Keller, frères de jeu
le 08/03/2012 à 05:02 par Textes : Stéphane Godin
Un vendredi midi chez Marc à Eschau. François (à gauche) et Marc reconnaissent être unis par un lien très fort au sein d’une famille soudée. Le premier voit le second comme un guide. Photo S.G.
Entre François et Marc Keller, la fraternité n’est pas un vain mot. Le cadet, entraîneur du Racing Strasbourg, se nourrit de l’expérience et des conseils de son aîné, après avoir si longtemps admiré sa carrière... au Racing.
C’est le second qui le dit : Marc et François Keller ont été éduqués « dans le respect de la hiérarchie à la maison. » Claude (né en 1966), Marc (68), Marie (71) et François (73), les quatre frères et sœur, n’ont jamais dérogé à ces préceptes. « Les conseils du paternel sont paroles d’Évangile », poursuit le petit dernier, « Ceux des plus grands aussi. J’ai énormément de respect pour mes aînés et suis toujours demandeur. Je raconte souvent à mes filles cette anecdote : quand nous étions gamins, mes frères tondaient la pelouse. Pendant des années, je leur ai demandé de le faire. Ils m’ont longtemps répondu que j’étais trop jeune. Puis un jour, ils ont fini par accepter. Il m’a fallu un moment pour comprendre qu’après, c’est moi qui le faisais tout le temps (rires) . »
Depuis, les gamins ont grandi. Mais les liens familiaux ne se sont jamais distendus. Entre Marc et François, ils se sont même resserrés quand leur arrivée dans le monde des adultes a atténué leur différence d’âge (cinq ans). « Il n’y a jamais eu la moindre virgule de jalousie entre nous quatre », raconte Marc en élargissant sa réflexion à toute la fratrie : « Ainsi François a-t-il toujours été mon premier supporter comme je suis le sien aujourd’hui. Ma présence n’a pas vraiment été facile pour lui, d’abord comme joueur, ensuite comme entraîneur. Son nom a été lourd à porter. Pendant quelques années, ça a freiné son ascension. Mais il a toujours su avoir son équipe derrière lui. L’an dernier, après le titre de la réserve en CFA 2, il a invité ses joueurs et l’encadrement chez mes parents à Balgau. Je n’étais pas là, mais j’ai vu les photos. Quand tu les regardes, tu comprends pourquoi son équipe a été championne. Il a su créer un état d’esprit qui a fait la différence. »
Le tout dit avec cette forme d’admiration que lui a souvent vouée son jeune frère : « J’admirais la carrière de Marc. Au Racing, à Karlsruhe ou West Ham. C’était formidable quand nous allions voir des matches là-bas. Peut-être cette admiration a-t-elle effectivement constitué un frein psychologique pour moi, parce que je me disais que je ne pourrais pas faire aussi bien. Mais Marc a été un guide dans mes choix professionnels. Ce n’est pas un copain. Je le vois plus comme un grand frère protecteur ou un conseiller. D’ailleurs, il me traite parfois plus comme un fils que comme un frère. Cette relation que nous avons dans le foot, nous l’avons aussi dans la vie. »
Chacun n’en délimite pas moins son périmètre. Non par volonté. Mais parce que les aspirations de l’un ne sont tout simplement pas celles de l’autre, comme le reconnaît Marc : « François a toujours été porté sur la partie technique du foot. Je lui donne des outils de compréhension générale, mais je ne m’immisce pas dans ses décisions. Du reste, sur le terrain, notre jeu était très différent. Jacky Duguépéroux a toujours dit que François avait plus la grinta que moi qui jouais sur d’autres qualités. Moi, j’ai plus une vision de la gestion d’un club. »
Ça tombe bien : son frère recherche moins sa connaissance du jeu que son approche des sphères dirigeantes. « Marc connaît la problématique des patrons de clubs. En revanche, il ne me donne aucun conseil sur l’aspect technique ou le choix des joueurs pour une compo d’équipe, car il estime que j’ai dans la gestion humaine d’un groupe une sensibilité qu’il n’a pas. Quand il me parle d’un joueur, il me donne son ressenti sur l’individu. Mais sur le plan tactique, j’échange davantage avec Jacky Duguépéroux, Jean-Marc Furlan ou Noureddine Bouachera. »
Marc n’en prend nullement ombrage, convaincu que son frère a un bel avenir de technicien devant lui. « François est quelqu’un qui prend son temps. Il ne brûle pas les étapes. On lui donne sa chance maintenant dans une période très difficile – il n’avait pas d’équipe à la mi-août – et les leçons tirées depuis dix ans auprès de tous les techniciens qu’il a côtoyés, comme Jacky Duguépéroux, Nasser Larguet ou Jean-Marc Kuentz, lui servent. Ces dernières saisons, il travaillait avec les mêmes jeunes et c’était plus facile, parce qu’ils connaissaient sa vision. Cette fois, il est parti d’une page blanche. Mais semaine après semaine, l’équipe s’est mise en place. François a cette qualité de faire progresser son effectif. »
le 08/03/2012 à 05:02 par Textes : Stéphane Godin
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